• Désert de cendres

    Désert de cendres

    Le réveil est un peu difficile ce matin, notamment à cause du vent omniprésent.

    Avant de quitter le campement, Sam se renseigne auprès des rangers de l’état des pistes pour aller vers quelques endroits désertiques. Tout va bien jusqu’à la fermeture de la piste qui mène au sud, mais la ranger conseille quelques autres endroits au passage, et surtout… si on a un problème… il suffit juste de l’appeler car il y a bien du réseau au milieu de nulle part… ! Hey oui, il y a bien une chose qui nous a surpris durant ce voyage, c’est à quel point on reçoit bien le réseau ! A moins d’être dans une vallée bien encaissée, régulièrement nous avons des sursauts de 4G un peu partout !

    Nous nous mettons en route donc, prenant une piste qui sera forcément une impasse avec cette route fermée, mais il y a néanmoins quelque chose qui vaut le coup d’oeil : une des plus récentes coulées de lave ! Elle provient de l’éruption du Holuhraun en 2014. Pour y aller, il faut traverser un désert de cendres noires. Impressionnant ! Il n’y a rien à des kilomètres à la ronde, juste le sable et les quelques traces des voitures prenant ce chemin. On n’en rencontrera aucune d’ailleurs jusqu’à ce qu’on se gare. Rouler dans le sable est une sensation étrange : on glisse, la voiture danse un peu et surtout on ne se dit qu’il ne faut surtout pas s’arrêter pour ne pas se retrouver coincés (ceci dit, avec Wall-E, je gage qu’on se serait sortis sans problème de là !).

    Seuls sur le parking, nous suivons les recommandations de la ranger : bien resté sur le chemin balisé ! Parce que oui, qui dit coulée de lave, dit terrain instable eh oui ! Ce n’est pas parce que cette dernière est refroidie qu’elle ne réserve pas quelques surprises : comme des trous par exemple et un rien peut la faire s’effondrer ! On se promène, observant ce paysage aux allures du Mordor. La lave accroche aux semelles de nos chaussures. Je gage qu’à notre retour, elles en auront pris un sacré coup ! (oui, pas la peine de venir avec des chaussures neuves en Islande – mieux vaut finir les anciennes !).

    Piste fermée veut dire que nous devons faire demi-tour, mais nous allons quand même avant explorer quelques culs de sac. On vogue à travers ce désert sans vie jusqu’à tomber… sur une oasis, à savoir Svartá !

    Oui, là, d’un coup, jaillissant du sable comme un miracle, l’eau coule à flots, formant un lac, et de là, la vie jaillit. Je ne peux qu’admirer les plantes islandaises, montrant une incroyable résistance et profitant de la moindre condition favorable pour pousser et s’étendre, même si lentement. Et un peu de vert amène de suite quelques insectes que les oiseaux viennent sans peine chasser.  Un tel ecosystème est forcément fragile, mais on ne peut que lui reconnaître son abnégation à pousser. Préservons-le au mieux.

    Les teintes de vert sont incroyables : du vert si tendre qu’il en semble fluo en contraste avec ce sable noir. C’est une vraie nourriture pour les yeux, et on le savoure.

    Plus loin, cette source miraculeuse forme une rivière qui traverse le désert, semant son chemin de vert, et se change en cascade luxuriante, Skinandifoss. Ce contraste est magnifique, la vie jaillit de la mort, triomphante de toutes les épreuves. Pour accentuer encore plus cette différence, nous notons un squelette de mouton en contrebas. Mais que faisait-il donc ici ? Lorsque les yeux suivent le cours de la rivière, on ne peut que noter la frontière qu’elle forme entre le désert de cendres et la vallée de vie qu’elle engendre, c’est si visuel !

    On revient au 4×4, car nous avons une longue route qui nous attend, faisant l’impasse sur le point de vue d’une autre coulée de lave, mais pour y aller, il faut passer ma foi un gué assez pentu (et sableux), pour le coup, on se dit qu’il ne vaut mieux pas trop tenté, même si Wall-E s’en sortirait sûrement avec les honneurs. Nous sommes encore novices et la civilisation est quand même bien lointaine (même avec du réseau, on se porterait mieux sans être empêtré).

    Nous retournons à notre point de départ en milieu d’après-midi, à savoir le campement d’Askja ! Nous partons, sachant que la piste sera longue et chaotique, tout en faisant quelques arrêts photos à travers les volcans. Notre route alterne entre gués et pistes de pierres ponces. D’ailleurs, la frontière du parc est physiquement marquée par un gué impressionnant, et pour le passer au mieux, les rangers ont installé une ligne de drapeau à suivre pour ne pas se retrouver coincés. Après ce dernier petit coup d’adrénaline, les pistes se font moins caillouteuses, plus lisses et nous finirons par atteindre notre bivouac du soir : le cratère d’un volcan où nous rencontrerons un couple de Français ! C’est l’occasion de bavarder des choses à faire, de l’état des pistes, d’échanger des informations qui aident à rendre le voyage plus facile… Et surtout, nous apprenons qu’ils prennent le bateau du retour en même temps que nous ! Ce sera l’occasion de se revoir et d’échanger nos aventures terminées !