• Quand la Nature dépasse le Cinéma

    Quand la Nature dépasse le Cinéma

    Après cette bonne nuit de sommeil, nous repartons vers Egilsstaðir pour tout d’abord faire le plein d’essence, mais également essayer de trouver du pain (et pourquoi pas du skyr avec) car nous allons bientôt attaquer des pistes sans âme qui vive dans le coin. Si la première mission est assez vite réussie, nous serons un peu déçus par la deuxième car les magasins n’ouvrent pas avant 10H, forcément. Malgré tout, non loin de la station de lavage (souvent, certaines stations essence propose les balais à eau gratuitement pour laver les voitures), il y a une boulangerie où nous arriverons à trouver la miche de pain qu’il nous manque. Bon… ce n’est pas tout à fait le même tarif que dans les Bonus… 4,70 €. Mais il va falloir s’y habituer, et surtout, piocher dans nos réserves amenées avec nous !

    Nous passons à présent de l’autre côté du Lagarfljót et quittons peu à peu la civilisation. La fin de matinée approchant, nous préparons de quoi manger avant de prendre à pied le chemin d’une double cascade : Litlanesfoss et Hengifoss. Nous grimpons, commençant à nous imprégner des passages à moutons, restant bien sur les chemins caillouteux mis à rude épreuve par tous les admirateurs venant voir, et profitant des bancs installés pour admirer le spectacle. Litlanesfoss, la première, commence par nous éblouir tandis qu’elle tombe entre les orgues de basalte, se donnant des airs majestueux.

    Plus loin, Hengifoss se terre dans un cirque volcanique. Pourtant, nous ne pourrons nous approcher plus près de cette dernière : le chemin a été fermé car pas mal de gros cailloux sont tombés sur les installations. On ne peut jamais prévoir les chutes de pierres, mais quelque touriste a trouvé la solution : il y envoie son drône ! Nous n’osons pas encore y envoyer le nôtre, même si, c’est vrai, il n’y a aucune interdiction pour cela.

    Nous redescendons, profitant encore du spectacle donné par Litlanesfoss, ma préférée des deux ! D’ailleurs, beaucoup de touristes ne vont pas jusqu’au bout de la balade et s’arrête à cette première étape.

    Nous remontons dans Wall-E, l’estomac plein et satisfaits de notre première petite marche. Nous quittons la route, et attaquons tout de go une des pistes F du pays. Ces pistes ne sont pas forcément ouvertes, et surtout, elles sont autorisées aux 4×4 seulement (enfin, il y en a qui y emmènent leur voiture de location malgré tout, mais c’est un autre sujet). Assez vite, il n’y a plus de voiture. Nous grimpons, et au fur et à mesure, nous atteignons de hauts plateaux une fois le flanc de la montagne parcouru. Ce sont de vastes plaines qui s’étendent à l’infini. Sur le bas côté, de temps en temps, nous apercevons des oies sauvages avec leurs petits, des moutons vaquant leur vie. La piste est encore goudronnée jusqu’à un énorme barrage hydraulique (pour plus de facilité) mais une fois ce dernier dépassé, voici les graviers, les nids de poule et le désert qui s’ouvrent à nous.

    Nous prenons les pistes poussiéreuses et caillouteuses, ayant l’impression d’atteindre le bout du monde, alors qu’un parking est censé être noté pour longer un extraordinaire canyon. En descendant, le vent est si fort qu’il hurle à nos oreilles. En effet, il ne rencontre guère d’obstacle dans ce paysage aride, et il a même mis à terre les panneaux. Néanmoins, avec nos capuches sur la tête pour étouffer son bruit, nous marchons jusqu’à un point de vue sur ce fameux canyon portant le doux nom de Hafrahvammagljúfur. Incroyable ! On a l’impression de plonger tout droit dans le Seigneur des Anneaux, mais… sans aucun effet spéciaux. La lumière est sublime, le paysage semble venu tout droit d’une contrée fantastique. Mais non, c’est bel et bien la réalité !

    Nous poursuivons pour continuer à le longer, jusqu’à ce que le chemin descende. Pour le coup, le vent souffle si fort que je préfère rester en hauteur avec les enfants, tandis que Sam s’aventure plus bas, explorant les lieux et faisant plein de photos comme il se doit.

    Nous retournerons après cette balade au 4×4, et comment dire… ? Le chemin a été assez rude pour venir jusque là, la piste étant assez… défoncée ! Et là.. il faut recommencer ! Autant dire que Wall-E doit nous montrer ce qu’il a dans le ventre, surtout que ce n’est pas comme si il y avait du réseau dans le coin pour appeler à l’aide ! Heureusement, il y va lentement mais sûrement, et bientôt, nous retrouvons des pistes en meilleur état.

    Nous roulons sur le plateau jusqu’à atteindre un hot pot naturel nommé Laugarvelir . Nous descendons la piste serpentaire jusqu’à un parking – au milieu de nulle part – et prenons nos affaires pour continuer à pied durant un kilomètre. De là, des vapeurs d’eau s’élèvent d’un ruisseau, rejoint par plusieurs petits cours d’eau jusqu’à atteindre une température qui ne fait pas frire les corps. Il se jette en cascade en contrebas, formant un bassin à 36°C, comme ça au milieu de nulle part ! Les enfants sont ravis ! Ils se jettent dedans, pensant à plus tard comment ils sortiront au vu du vent froid cinglant. La cascade fait massage pour le dos en prime (et est un peu plus chaude que le reste – 42°C ).

    Bon, il est quand même 19H, il serait temps de sortir. Et c’est le plus dur ! Comment quitter le bassin douillet alors que dehors, le vent froid cingle à tout va, limite à faire voler les affaires ? Mais nous avons été bien inspirés, car des baigneurs tardifs arrivent.

    Un dilemme s’offre à nous : soit nous restons sur le parking de cette source d’eau chaude avec du monde et surtout une odeur nauséabonde d’une voiture ayant une fuite de diesel, soit nous poursuivons essayant de trouver un coin tranquille plus loin. Nous choisissons la deuxième option, espérant qu’il y ait quelque part, sur la piste, une bifurcation menant à un endroit protégé du vent, ou quelque chose. Eh bien non ! La piste s’étend à l’infini, et nous mettons un point d’honneur à ne pas transgresser la règle de ne pas faire de off-road. Le paysage est désertique, la végétation survivante on ne peut plus fragile et l’écosystème environnant n’a pas besoin d’épreuves supplémentaires pour tenter de survivre.

    Au final, nous trouverons notre bonheur, et nous saluons le fait de ne pas être en tente (que ce soit de toit ou par terre) car le vent ne cesse de gagner en force. Et puis… quel confort de pouvoir cuisiner et manger à l’intérieur !